Giorgio MORANDI - Hôtel des Arts - 5 juin/26 sept 2010

Publié le par Champi

 

Giorgio MORANDI - AfficheHôtel des Arts

Du 5 juin au 26 septembre 2010

 

L'Abstraction du réel annoncée par le titre est un parfait condensé de l'oeuvre de l'artiste italien Giorgio MORANDI (1890-1964), que l'Hôtel des Arts déroule d'ambiance en ambiance...

 

L'entrée en matière se fait par une série de photographies de l'atelier de l'artiste. Pots, toiles, bâtons, pinceaux... dessinent de sobres et subtiles compositions qui font terriblement écho aux oeuvres à venir, que l'affiche laisse imaginer.

 

Dans la salle d'en face, des livres ayant appartenu à l'artiste, et d'anciennes photos, en noir et blanc cette fois. Double contre-point photographique, ombre et couleurs, le décor est planté : la forme et la teinte sont au rendez-vous.

 

Les vases fleuris des années 20 et 30 se nimbent de l'ambiance jaunie du passé délavé. La poussière s'est déposée sur les motifs comme sur la vieille commode que l'on imagine tranquillement assoupie dans un coin du salon.

Le réel se répète et, de toile en toile, on sent poindre l'abstraction.

Les coquelicots semblent avalés par l'air jauni et épais, la cire du fond, comme si la dorure du cadre avait coulé...

Les ocres, les bruns, la nature s'effacent...

 

Fleurs (1924), Nature morte à la lampe (de 1923 à 1929) : au fil des ans, la matière s'affirme, et le fond semble résolument vouloir fusionner avec le motif. Comme si tout n'existait plus qu'au sein d'une unique dimension.

 

L'étage conduit à l'après-guerre, période dite "métaphysique" (??).

Les bouquets occupent toujours le premier rang, mais toujours plus épurés (Fleurs, 1952) : la fleur se fait vase, le végétal, minéral. Les ombres s'étirent de plus en plus, avant de disparaître... entraînant avec elles, parfois, la signature.

 

Commence alors la conquête de la silhouette longiligne du vase (Nature morte, 1946), vers une épure presque architecturale.

Les formes s'assemblent en portraits de famille, villages où le long col de la bouteille fait office de clocher, dans lequel flotte quelque eau purificatrice ou vin de messe.

Même sur les toiles de petit format, l'objet dépouillé, géométrisé, acquiert une dimension monumentale, et le visiteur, géant bien malgré lui, déambule maladroitement entre ces bâtiments dysproportionnés.

 

Parmi les pots parfois ressurgissent les bouquets, dont les roses et les mauves ont les teintes fânées des vieilles peintures accrochées au-dessus du buffet.

 

La succession des natures mortes compose une étrange partition, scandée par le rythme des récipients élancés, et quand le chant quitte la toile, il se fait série, subtiles déclinaisons des couleurs et des formes, composant, pot à pot, pierre à pierre, une ville entre deux eaux, entre deux teintes, entre deux mondes.

 

Dévoilant les secrets tapis derrière la réalité, Giorgio MORANDI se fait l'architecte d'un ailleurs dépouillé annonçant le repos des formes, et sans doute des corps.

 

(Les images ci-dessous ont été cueillie sur internet, car il n'est pas possible de prendre les oeuvres exposées en photo...)

 

Giorgio MORANDI 1

 

Giorgio MORANDI 4

 

Giorgio MORANDI 3

Publié dans Expositions

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