Luis BAYLON - Maison de la photographie - 24 avril/26 juin 2010
Sous le titre Madrid anònimo se cache une errance populaire du photographe madrilène Luis BAYLON.
De quartier en quartier, il semble être allé voler ces moments de relâchement, d'abandon, qui nous saisissent quand nous pensons que le monde nous a oubliés.
Comme autant de prises sur le vifs d'instants fugitifs, il dévoile des fuyards qui semblent ne se raccrocher qu'à une verre ou à une cigarette... De jour sur le trottoir, de nuit au comptoir, ils composent, de leurs visages souvent hagards, les lettres du mot VILLE, tracées dans l'alphabet des espoirs urbains déçus.
La tendresse affleure souvent, derrière l'objectif, mais elle masque avec peine les angoisses, les déceptions, les attentes étalées de l'autre côté. Oubliés, exilés, anonymes, ils composent, de leurs regards baissés, leurs gorges dévoilées, leurs infirmités, leurs chapeaux tellement cinématographiques, l'assemblée des exclus de la loterie de la vie.
Lignes, postures, silhouettes, passages... s'enchaînent et s'enchevêtrent pour tramer le canevas de cette vie silencieuse mais foisonnante.
Les corps sont solidement ancrés dans la réalité, mais les volutes et les reflets leurs rappellent combien les frontières sont floues entre ici et plus loin...
Une divagation en noir et blanc entre les murs de toutes nos villes, à la découverte de ces corps qui en constituent l'âme.
Tout simplement.
